RSE, (Responsabilité sociétale des Entreprises), écoresponsabilité (responsabilité individuelle des voyageurs), slow tourisme et tourisme durable, mais vous mélangez tout, mon ami !
J’ai compris en naviguant qu’on ne fait qu’effleurer la surface d’une galaxie infiniment plus riche et délicate que nos bateaux qui passent à sa surface. Sans rire, je pense à MEN IN BLACK. Le rire joyeux que suscite ce film désopilant nous montre à sa manière à quel point notre existance est relative. Nos bateaux, tête haute, passent à la surface de l’Océan. Ils n’ont rien à envier aux conquistadors. Il y a seulement 500 ans, la mer est devenue une passerelle pour porter l’enfer aux peuples. En visitant le Musée du Nouveau Monde à La Rochelle, j’ai pleuré. C’est le texte de Christiane Taubira qui m’a fait le plus de peine. Je pense aussi aux doutes de Simone Veil à la fin de sa vie. L’humanité est-elle digne qu’on la protège ? Menacée par elle-même ; menacant toutes les autres.
Voilà pourquoi je fait ce lien entre RSE, écoresponsabilité, slow tourisme et tourisme durable. Parce que tout ce qui me motive à cet égard, c’est d’identifier la brutalité humaine pour mieux l’évincer de mes actes. Mes actes privés comme professionnels. Je fais ce lien pour mieux apprécier ensemble la beauté du monde ; monde dont nous pourrions facilement devenir des co-locataires respectueux si nous le décidions.
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Vous allez vous suicider par désespoir, Bertrand ?
Non, je vais au contraire poser un acte chaque jour. Un geste qui vaut un milliard. En 2022, au cours de la canicule d’été, un journaliste de SUD OUEST est venu à bord de Kelone. Il voulait savoir comment je vivais la coupure d’eau décidée par le port de plaisance. La sécheresse était très sérieuse. Elle menaçait les gens de ne plus disposer d’eau douce dans leur robinet. Certaines personnes ont rouspété contre le port de plaisance. Mon propos était de dire au journaliste : « Cette restriction d’eau est une conséquence et non une cause. On sait que l’activité de l’homme conduit au réchauffement climatique. On observe que ceci entraine des canicules. Les canicules nous conduisent à acheter des climatiseurs et à fabriquer des glaçons avec des machines électriques. Cela accelère la sécheresse, alors on plante des éoliennes en mer. On commence même à réfléchir à remorquer des glaçons depuis le pôle Nord pour approvisionner en eau douce les grandes villes ». Ha ha ha ! Si ce n’était pas si grave, j’en rirais toute une journée.
C’est quoi votre idée du « geste à un milliard » ?
Cela se joue en DEUX actes :
ACTE 1 : poser un acte vertueux que l’on pense juste et cohérent pour revenir à un peu plus de respect d’autrui. Dans autrui, je pense à vous, mais aussi à moi, à mon voisin de ponton, aux Européens en général, aux Africains aux Américains aux Asiatiques au plancton aux bigorneaux. La question est plus vaste que seulement le réchauffement climatique. Il s’agit d’une affaire d’empathie de l’humanité avec ses propres semblables. Avec ses semblables, mais aussi avec ses colocataires de la planète : les souris, les abeilles, les dauphins, les chiens, les chats, les humains, les moustiques et les bactéries. Finalement le « geste à un milliard », c’est un geste vertueux que chacun choisit lui-même. Pour chaque geste, on évalue son impact, ses conséquences éventuelles. Si, multiplié par un milliard de personnes, il fait sens, alors j’y vais, je fait l’effort car il a du sens.
Un exemple que tout le monde connaît déjà : au lieu d’acheter de délicieux avocats du Guatemala au mois de décembre, je mange des trucs d’ « ici » sans emballage. Si je multiplie ce geste x 1 milliard ça fait beaucoup de voyages et d’emballages inutiles. Même sans ordinateur, je peux affirmer que je vais dans le bons sens. C’est cela le « geste à un milliard ». Je n’hésite donc pas à faire l’effort.
ACTE 2 : je m’interdis de dire des phrases comme : « C’est la faute aux industriels chinois, aux marins pêcheurs, aux architectes, aux constructeurs automobiles, aux compagnies aériennes, aux smartphones ». Ou bien : « C’est la faute à mon voisin de palier qui ouvre sa fenêtre l’hiver ! Je m’interdis de dire : « T’as qu’à voir les sacs en plastique que les gens jettent par terre au Pérou ! » Ou encore : « C’est trop tard, tout le monde s’en fout, je vais profiter une dernière fois ». Je me l’interdis parce que c’est super pénible à entendre et tellement inutile.
Si je résume le « geste à un milliard » : j’agis en posant un acte concret dans la vrai vie (pas les réseaux sociaux) : ma vie privée + ma vie pro. Désormais, je ne parle que de ce qui est en mon pouvoir direct. Bref, je ne parle que de ce que je fait, et non de ce que les autres ne font pas. Imaginez alors si un milliard de personnes font ça … Quelle puissance positive !
Et vous, Bertrand, que faites-vous concrètement ?
Voici ma réponse en 2 étapes :
Etape N°1 : POURQUOI je fais ça :
1973 : À l’âge de dix ans, je suis rentré un jour à la maison après avoir découvert des milliers d’écrevisses mortes dans « mon » ruisseau. Elles gisaient dans le ruisseau au bord duquel je flânais souvent de longues heures. J’aimais ces explorations solitaires et silencieuses. Je marchais sans faire de bruit comme si j’étais le dernier des Mohicans. De longues heures le long de ce ruisseau d’eau pure de mon Limousin natal. Il dévalait mes collines en provenance de je ne sais où ; je n’ai jamais été jusqu’à sa source. J’avais appris à lacer mes chaussures entre elles pour les accrocher sur mes épaules comme l’aurait fait un portefaix. Dès les premiers beaux jours, je marchai pieds nus dans cette eau vive et glaciale. Je m’arrêtais souvent sur un lit de graviers entre deux galets ronds et glissants. Accroupi en essayant de ne pas me mouiller les fesses. Je restais des heures devant les sources d’eau pure. Je savais où trouver les tritons fragiles aux branchies transparentes. J’écoutais le chant des cailloux dans le courant. Ils roulaient, entraînés par l’avalanche d’eau lorsque je libérais un barrage de branchages et de feuilles mortes. Dès l’automne, les feuilles jaunes et brunes s’accumulaient dans les virages et les sauts de cailloux. Là où l’eau accélère sous forme de mini-rapides. Large de moins de deux mètres, le cours d’eau faisait danser dans le courant de longues plantes aquatiques d’un vert brillant. Dans ma chambre dépourvue de chauffage, j’avais organisé un aquarium d’eau douce dans lequel étaient implantés ces plantes vertes et des animaux sauvages. J’avais réussi à y établir un mini éco-système stable. Des escargots aquatiques trouvés dans le ruisseau nettoyaient la vitre. Chaque année j’élevais toute une génération de larves de libellules. Je les nourissais de vers de terre trouvés sous une grosse pierre du jardin. De mini-crustacés d’eau douce passaient furtivement entre les pattes redoutables de ces étranges entités habillées d’une armure de combat. Un peu avant leur métamorphose de l’état de larve à celle de libellules, je plantais dans le fond de l’aquarium des branches de noisetier. Cela leur permettait de faire surface. En à peine une semaine, elles passaient toutes à la vie aérienne après avoir vécu sous l’eau pendant des mois. Au réveil, je découvrais un beau jour qu’elles s’étaient envolées de l’aquarium vers les carreaux de ma fenêtre. Elles tentaient d’y faire durcir leurs ailes encore froissées. Non sans appréhension, je les prenais dans ma main. J’allais les relâcher près de leur source d’origine. Énormes, jaunes et noires, elles vrombissaient à la façon de terribles bombardiers. Après avoir ouvert les doigts, je me tenais, tête en l’air, pour les regarder monter très haut dans la lumière du ciel.
Ce jour là, des milliers d’écrevisses se trouvaient sur le dos, inertes, dans le fond. Leur ventre blanc ressortait, obscène, sur le lit de graviers et de sable de mon ruisseau. Je les pris dans mes mains et les approchai de mon visage comme pour leur réinsuffler la vie. Impuissant, je regardai leurs dos cambrés à l’envers. Leurs pinces lourdes pendaient dans le vide. Des gouttes d’eau s’en écoulaient dans la lumière d’un soleil indiférent. Elles pendaient de tout leur corps dans mes doigts inutiles. Leurs queues qui d’habitude étaient tellement vigoureuses, claquant de rage lorsque je les tenais par le dos, leurs larges queues, devenues inutiles, étaient mortes. Elles laissaient les oeufs de la génération suivante offerts aux regards, face au ciel, sans protection ni sépulture. Mortes, elles étaient toutes mortes !
Alerté par mon arrivée en trombe à la maison, mon père avait aussitôt téléphoné au garde-champêtre. Lorsqu’il a raccroché, j’ai compris à son regard que ni le garde-champêtre ni personne ne ferait rien. Plus tard, bien plus tard, j’ai appris qu’en amont du ruisseau, une tannerie avait largué sa pestilence mortelle.
C’est à peu près à cette époque que j’ai décidé de faire carrière dans l’agriculture. J’aimais tellement travailler dehors pour m’occuper des moutons. Les longues promenades dans les prés mouillés par la rosée du matin. Les déplacements de troupeaux bêlants accompagnés de ce chien à l’oreille cassée. J’aimais surtout la fenaison. Les grands me faisaient conduire le tracteur pendant qu’il chargeaient les remorques d’herbe sèche et odorante. A dix heures on allait manger de la viande limousine poêlée sur le fourneau à bois. Le pâté de lapin était servi en gros cubes sur d’énormes tranches de pain. Ils voulaient me faire boire du vin. « Té gamin, tu prendras des forces ! » Le soir on piquait une tête dans l’étang du bas pour se laver. Puis je reprenais mon vélo pour rentrer à la maison.
1980 : Mais voilà, tout est allé plus vite que moi. Cette agriculture que j’aimais avait disparu pendant le temps que je faisais mes études. Mon bac pro en poche, je ne me voyais aucun avenir dans cette agriculture devenu industrielle. Je me dirigeais donc vers l’agro-alimentaire. On m’avait présenté ce secteur comme porteur d’avenir. Moi je trouvais que ça avait du sens de nourrir le monde. Et puis un argument avait fini par me convaincre : la libération de la femme était en marche, selon mes profs. Il suffisait désormais d’acheter des plats préparés, et ainsi, maman ne serait plus de corvée à la cuisine. Plus tard, j’ai compris que la liberté ne s’achète pas dans un magasin.
Finalement, après un BTS spécialisé, j’ai atterri dans la nutrition animale. C’était génial de fabriquer et de vendre des granulés pour les animaux de la ferme. Plus besoin de se fatiguer à porter des sacs de céréales en descendant du grenier par l’échelle de bois. On pouvait faire poser un immense silo de 20 tonnes à côté de la grange. Même pas besoin de payer le silo, c’est le marchand d’aliments qui le prêtait aux clients, moyennant sa totale fidélité à la marque. Une vis sans fin se mettait en route toute seule pour apporter la nouriture jusque dans les mangeoires. Tous les animaux étaient nourris en même temps. Des milliers de poussins se piétinaient pour aller grailler. Des antibiotiques étaient mélangés à la farine, après qu’un vétérinaire ait signé une ordonnance de soin pour les 10 000 poulets qu’il n’avait jamais vus. Quel temps gagné ! Et puisque le temps c’est de l’argent…
C’était le temps où les fermes passaient de quatre personnes sur 70 hectares à deux personnes sur 200 hectares. On faisait sauter les haies encombrantes pour que les tracteurs puissent tourner au coin du champ. On enfermait les animaux dans des petites cages en disant : « C’est l’évolution, c’est le hors-sol, le zéro grazing ! ». Les tracteurs sont devenus gros comme des tanks pour faire plus vite encore. Les dindons sélectionnés sont devenus tellements gros que leur ossature n’arrivaient plus à les porter. « Tu te rend compte, Bertrand, leurs pattes elles cassent sous eux » C’est vrai, leurs pates cassaient sous eux à la fin de leur cycle d’engraissement. Un jour, avec le lycée agricole on a visité un abattoir industriel de volailles. J’essaie encore d’éviter de laisser les images remonter à ma mémoire.
1990 : Je quitte les animaux industriels pour me spécialiser dans la nutrition du cheval. Quelle délicieuse respiration. J’ai enfin le sentiment de revenir à mes fondamentaux. A cette époque, on ne tue plus les chevaux pour les manger, grâce aux actions de Brigitte Bardot. Les boucheries chevalines disparaissent une à une. On dit même que le cheval va revenir en centre-ville pour remplacer les camions poubelle. La création et le développement des polices montées me donnent le sentiment que le monde va évoluer vers plus d’humanité et moins de mécanique. Le monde a enfin compris. L’administration des Haras Nationaux et son cortège de techniciens de l’INRA est formelle sur ce point : on envisage le retour des chevaux en tant que moteur naturel de l’homme.
Je vous assure que j’y ai vraiment cru ! HA HA HA …
2000 : J’ai enfin compris ce qu’était le trafic de la farine de viande d’équarissage. Malgré la crise de la vache folle, on continue à en faire manger aux chiens et aux chats. Parmi les ingrédients de leurs bonnes croquettes, le nec plus ultra se nome B.V.B. Cela signifie : Boyaux de Volailles Broyés. On y ajoute aussi la farine de viande issue de l’équarissage des chiens et des chats. Ha Ha Ha ! Comme c’est pas drôle.
Je quitte donc l’industrie agro-alimentaire pour créer moi-même un métier qui me ressemble : nutritioniste équin indépendant. Il s’agit de vendre des compétences sans vendre de produits. Le but est d’être incorruptible sur ce point : ne jamais toucher de rétro-commissions auprès des fournisseurs d’aliments.
C’est très bien, mais en quoi ce métier était-il éco-responsable ?
Mon métier consistait à éviter au grain d’orge de devenir fou.
C’est une blague, Bertrand ?
Voyez donc ce grain d’orge qui, à peine récolté, roule à tombeaux ouverts sur une petite route de campagne pour être stocké dans un immense séchoir-silo de coopérative. Il est ensuite repris par un semi-remorque qui fonce à toute allure vers la gare de triage. On le décharge du camion pour le mettre dans le train. Le train file en grincant vers le port de commerce. Là, on le décharge pour l’embarquer dans un immense cargo. Le cargo démarre son moteur de 50 000 chevaux. Il fume et crache du soufre jaune par sa grande cheminée. En prenant la mer, il est tracté par deux remorqueurs de 2 000 chevaux chacun. Le port coûte cher, alors il ne faut pas y rester trop longtemps. Vite vite, on parcours 3 milles nautiques pour jeter l’ancre juste en face, dans la baie. Pendant que l’équipage du cargo attend à bord, la cargaison change de main et passe au travers du jeu financier des courtiers en céréales. Les yeux rivés sur les cadrans du marché de Chicago, les prix montent puis baissent. On vend, on achète, on revend, on éructe puis on jubile. On a fait des milliers de profits. Là, un fabriquant d’aliments pour animaux achète 5 camions d’orge qui vont entrer dans la composition des aliments pour chevaux. Le bateau lève l’ancre et démarre son moteur qui fume jaune. Il est en approche du port. On appelle à nouveau les remorqueurs à la VHF canal 12. De retour à quai, on décharge le grain d’orge dans un camion. Le camion fonce sur la route pour livrer le fabricant d’aliments. Ouf, les délais sont respectés. Supply Chain oblige. Le fabricant mélange le grain d’orge avec tout un tas d’autres trucs qui viennent du Brésil ou des Grands Moulins de Pantin. Il passe le tout au broyeur, puis fait chauffer et ensuite refroidir le mélange dans des machines. L’aliment est mis dans des sacs jetables que l’on empile sur des palettes filmées jetables. Avec un transpalette, on charge la palette en bos jetable dans un autre camion. Ce dernier va livrer un grossiste à cinquantes kilomètres de là. Le patron de l’écurie téléphone au grossiste pour se faire livrer une palette. Un petit camion de livraison parcourt les cinquante kilomètres qui le séparent du client à livrer. Lui-même se trouve à coté de l’usine et pas loin de la coopérative et du champ qui a vu naître le grain d’orge.
Voilà le cycle de vie d’un grain d’orge qui en quelques jours a bien amélioré son bilan carbone. Il est devenu fou.
Et bien sûr Bertrand, tel le héros des temps modernes, vous avez changé tout ça ?
Ce que je faisais n’était pas héroique du tout. C’était très simple. On prenait de l’orge qui venait du champ. On la mouillait pour la dépoussiérer et la faire gonfler comme le font les Arabes. On la donnait telle-quelle à manger aux chevaux. Les chevaux adorent les céreales humides. Petit détail : le bien-être animal est à mon sens au coeur de la réflexion écoresponsable. Avec les céréales humides, on leur évitait plein de maladies et de soufrances comme par exemple : la déshydratation, l’emphysème ou l’engouement œsophagien.
Au passage, on soignait aussi très sérieusement le bilan carbone du kilo d’orge. Avec LINE MARINE, PROPILOT, BOJOLI et bien d’autres, j’ai démontré que cela n’était pas incompatible avec la performence. Ce lien que j’ai tissé avec les hommes de chevaux se prononçait en arabe, en allemand, en espagnol, en africaner, et même en navajo. J’ai passé 30 ans à vivre avec les chevaux. Au musée de l’École Vétérinaire de Maison-Alfort, j’avais mis la main sur des ouvrages anciens remontant à l’époque de Napoléon. Époque à laquelle les chevaux étaient tout pour l’homme : l’agriculture, les transports et l’armée. J’ai couru beaucoup. C’était grisant. J’etais convaincu que j’allais changer le monde. En 2011 j’ai eu la chance de recevoir ce qu’à l’époque j’ai jugé comme étant la reconnaissance suprême : une publication scientifique mondiale aux USA.
2013 : Après deux ans de réflexions et de doutes, j’ai finalement décidé, à l’âge de 50 ans, de me réinventer et d’oser vivre mon rêve d’adolescent. À 15 ans, j’avais lu ce livre qui résonne encore en moi : La Longue Route de Bernard Moitessier. Depuis, je rêvais silencieusement de pouvoir un jour naviguer seul au milieu de l’océan. Naviguer et faire silence. C’est de cette manière que la saga Kelone est née.
Vous m’avez perdu, Bertrand, là. Revenons à ma question : pourquoi cette démarche RSE ?
Ma démarche RSE ? Elle remonte à mon enfance, elle fait partie de moi. Elle a débuté avec mes longues courses le long des ruisseaux et des sources. Elle s’est poursuivi avec les chevaux avec qui l’être humain fait un bon équipage. Ensuite j’ai découvert les planeurs pour voler sans moteur. Ce qui me fascinait avec les planeurs, c’était le génie humain qui a étudié l’aérodynamisme pour réaliser un tel prodige : voler sans moteur, comme un oiseau, pendant toute une journée.
Aujourd’hui à bord de Kelone, j’aime cultiver tout un monde de silence, de solitude mais aussi de partage des émotions contemplatives. En regardant la mer, il me semble y percevoir le reflet de mon âme. En regardant le voilier avancer avec le vent, je vois le génie humain qui a inventé une méthode pour voyager de manière douce et durable. Comme avec les chevaux mais sur l’eau. Le génie humain employé à autre chose qu’à polluer, spolier ou asservir.
Aujourd’hui j’ai compris que l’eau de mon ruisseau n’a jamais cessé de se déverser dans l’océan. Maintenant que je parcours l’océan, j’ai envie d’agir pour que mes enfants et les enfants de mes enfants n’aient jamais à soufrir de mon inaction.
Voici le sens que je donne à ma démarche. Je veux rester fidèle à cet enfant qui marche le long du ruisseau d’eau vive. Cet enfant devenu grand et qui désormais vit dans la mer. Sur la mer. Dans le ventre d’un voiler. Dernier refuge à mes rêves. J’ai ralenti ma course et désormais je regarde avec plus d’attention ce qui m’entoure. Ceux qui m’entourent. Ralentir. Etre attentif. Prendre soin de moi, prendre soin de vous.
Etape N°2 : COMMENT je le fais et QUI valide mon travail ?
En 2021 j’ai signé la Charte de l’éco-marin proposée par l’association ÉCH0-MER 17000 La Rochelle.
En 2022 j’ai eu le bonheur d’obtenir pour KELONE le label QUALITÉ TOURISME. Pour les clients, les labels sont la garantie d’une méthode de travail, la certification d’un processus de qualité continue. Je ne me doutais pas à quel point c’est gratifiant de recevoir une labellisation. J’ai envie de revivre ce délicieux moment qui vous fait monter les larmes. Cette incroyable perspective du chemin parcouru et qui aboutit enfin… C’est pourquoi, en 2024, je veux m’inscrire dans un processus d’obtention d’un label TOURISME DURABLE.
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Bibliographie :
- J’ai aimé la lecture de : Le rêve d’un drôle d’homme paru en 1876. Son auteur est incontestable, il s’agit de Dostoievski. Dans cette histoire, il décrit ce que pourrait être le comportement de l’être humain s’il décidait d’être heureux enfin. Dostoievski a inventé le RSE il y a bien longtemps.
- Dans : Race et histoire écrit en 1952, CLaude Lévi-Strauss nous indique comment la civilisation occidentale met tout en oeuvre pour s’accaparer l’énergie. Tous les stocks d’énergie de la planète au détriment des autres tribus. L’auteur de cet ouvrage disparu en 1990 s’interroge sur l’avenir de l’Humanité. Il aurait été un fervent défenseur du RSE.
- Notre contemporain Jacque Attali et son pertinent Il est encore temps paru en 2020. No comment, lisez-le.
- On parle ? Papa, raconte nous ta vie ! Lorsqu’ils étaient enfants, mes fils, leurs amis et moi, on s’asseyait par terre pour parler. On faisait circuler la parole. Ils adoraient ça et dès qu’ils en avaient l’occasion, ils me demandaient : « on parle ? ». J’étais fasciné par la profondeur de leur pensée. Leurs interrogations et leurs découvertes spontanées. A l’issue de ces moments, je me posais à nouveau plein de questions passionnantes sur le sens de la vie. Parfois j’invitais un intervenant qui nous parlait de sa religion, de ses coutumes. Il nous montrait des photos de chez lui et parfois de cérémonies. Ensuite on allait avec lui au temple, à la synagogue, ou bien dans sa famille pour la rupture du jeûne un soir de Ramadan.
Aujourd’hui, il est encore temps d’entamer une démarche RSE. Le faire pour ne jamais avoir honte lorsque nos enfants nous regardent dans les yeux.