Kelone, un acteur engagé du tourisme durable à La Rochelle (épisode 1/3)

Dans un premier temps, j’ai voulu approfondir le POURQUOI de ma démarche en remontant à la source de mes motivations. Il ne s’agit pas pour moi d’un effet de mode, mais d’un engagement qui remonte à l’enfance. Il a guidé mes choix professionnels tout au long de ma vie.  Ce texte est le premier d’une série de trois épisodes. Il débute par un tableau que j’ai peint il y a plusieurs années. Il est accompagné d’un poème. Cela m’a aidé à exprimer ma pensée de la manière la plus naturelle possible.

Ce texte est le premier d’une série de trois. Cet article pose l’engagement de Kelone dans une démarche de tourisme responsable.

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Les mots de la Baleine

_ Alors, c’est donc toi l’être humain ?

_ Oui, répondis-je après une hésitation.

Puis elle a continué à me regarder. Je n’ai perçu ni amitié, ni agressivité dans son regard. Elle sondait mon âme à la recherche d’un message.

Enfin, elle a compris que je ne n’étais porteur d’aucune réponse. Sans me juger, elle a évalué ma confusion et a disparu.

De retour parmi mes semblables, j’ai pensé devoir évoquer le souvenir de cet épisode fugace qui ne me quitte plus.

Bertrand de Rancourt

Vous avez initié une démarche de développement durable à bord de Kelone. Bertrand, qu’en est-il vraiment ?

Avant de décrire le détail de ma contribution aux enjeux de développement durable, j’ai choisi d’en exprimer le POURQUOI, c’est-à-dire la motivation, le sens que je lui donne. Lorsque je vous propose par exemple un séjour insolite en duo.  Son origine provient de mon histoire personnelle. Beaucoup de mes pensées sont confuses. C’est-à-dire qu’elles se trouvent au carrefour de mes émotions, de mon expérience et de ma sensibilité au monde. J’ai toujours eu des difficultés à exprimer une idée simple. Je suis souvent heurté par le monde tel qu’il est. J’ai d’ailleurs toujours fui la réalité, en me réfugiant dans mes retranchements incommunicables. Ma philosophie de vie est cohérente, alors que ma manière de l’exprimer ne l’est pas. Il m’a fallu un déclic fort, une rencontre majeure avec une relectrice, écrivaine de métier, pour oser publier mon indicible émotion du monde. Merci Anouk.

Quel rapport faites vous entre ce barbouillage coloré et le slow tourisme ?

Mon métier consiste à accueillir, accompagner et prendre soin de mes passagers à bord de Kelone. J’ai donc tout naturellement voulu décorer les cloisons du bateau, par simple souci esthétique. Je ne voulais pas acheter de gravures en série chez IKEA. Je n’avais pas non plus les moyens d’acheter des œuvres originales. Un beau jour, j’ai décidé de faire encadrer mes propres dessins. Ces dessins, je les faisais en catimini pendant mes navigations ou mes escales. Je dessinais avec des stylos, des crayons, des palettes de maquillage, du pastel gras, de la terre noire. Mais surtout avec du vernis à ongles et des paillettes de carnaval pour donner au monde un maquillage acceptable. Une sorte de gros nez rouge de Clown Auguste.

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J’éprouve un besoin constant d’exprimer sur des feuilles blanches mes pensées les plus intimes. Cependant, il m’était impossible d’envisager de les partager de peur d’être ridicule. Je barbouillais les dessins et les mots. Je planquais mes sentiments comme on le fait au moyen d’un gros pâté d’encre. Une tache sur un cahier d’écolier. Une rature sur un mot ça-prend-un-ou-deux-L ? Un grabouillage sur les syllabes dont on est quasi certain qu’elles comportent une faute d’orthographe. Une faute. La faute vous place dans la catégorie des imbéciles et va vous coûter cher. Le coup de règle sur les doigts c’était le prix à payer à l’époque de l’école des porte-plumes. Cette époque est révolue, mais le jugement silencieux des grandes personnes est toujours d’actualité. Les grandes personnes, ce sont celles qui font tout bien. Elles savent tout sur tout. Elles jugent. Elles disent.

Pendant longtemps, j’ai noyé le poisson pour brouiller les pistes et ne pas exposer mes émotions. J’avais honte de mes pensées intimes. A chaque fois que je tentais de les exprimer avec des mots simples, il survenait une catastrophe. Mes mots ont toujours eu cette fâcheuse capacité à me trahir. Ils ont une faculté incroyable à me faire dire le contraire de ma pensée. En arrivant dans l’oreille de l’autre, un changement de sens a eu lieu. Ça se produit quelque part entre ma bouche et l’oreille de l’autre. Les mots sont des salauds. L’autre qui m’écoute ne se demande pas si mes mots sont de petits monstres qui m’ont trahi. Il sanctionne ma pensée sans demander de précisions. Il sanctionne parce-que la norme dit « NON ! C’est faux ! C’est pas comme ça ! Tu es nul ! ».

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Finalement, à l’occasion des quarante ans de Kelone, j’ai fini par oser. Oser mélanger le dessin et les mots. Jean-Michel, qui gère la communication de Kelone, a compris mon besoin et a commencé à me donner les images. Anouk, sa compagne, a remis mes mots à leur place.

Cette illustration de la baleine est le quatrième dessin-mots de la série exposée au bateau. La baleine, c’est le seul dessin pour lequel je n’ai pas trouvé les mots. Pourtant, c’est celui qui est au cœur de tous les autres. Le moteur de mon inspiration. Une exhortation à écouter et à comprendre le message silencieux de la mer. Le chemin de mes émotions. Ce sont les mots silencieux de la Baleine.

Quel est le rapport entre votre démarche éco responsable et le tourisme durable Bertrand ?

Selon moi, toute l’idée est contenue dans ce dessin. Tout est dit. Il n’y a rien à ajouter. Cependant, sans les mots d’accompagnement, cela n’est vrai que pour moi, dans mon for intérieur. Le sens que je lui donne est enfermé dans ma propre représentation mentale. C’est incommunicable en l’état. Pour être compris, je dois faire l’effort d’écrire malgré ma peur d’être lu. Être lu, mais surtout être compris. Être compris mais pas jugé. Être écouté afin de susciter un éclair de lumière dans le regard de l’autre. Preuve que le message est passé. Ce dessin illustre ma pensée RSE ( Responsabilité Sociétale des Entreprises). Elle en est l’emblème, la clé et la porte d’entrée tout à la fois.

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Vous dites que toute l’idée est contenue dans le détail de ce dessin, expliquez vous.

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D’abord, il y a moi à bord de Kelone. Oui c’est totalement egocentrique. Je danse sur les vagues dans le ventre de Kelone. Une traversée de l’Atlantique en solitaire m’a permis d’accéder à une certaine forme de patience. De rêverie assumée et non culpabilisée par l’inaction. Elle est devenue source d’inspiration et d’apaisement. Pendant longtemps j’ai eu ce sentiment bien connu : le syndrome de l’imposteur. Je me sentais être un faux marin, un promeneur qui tente de se faire passer pour marin. Récemment, j’ai fini par comprendre que l’on ne devient jamais vraiment un marin. Seules les baleines ou les bigorneaux sont de vrais marins. Nous, les humains, nous ne sommes que de passage sans jamais pouvoir nous établir dans l’Océan. De passage, en espérant pouvoir traverser sans être appelés par le sombre Neptune dans son château de pacotille. C’est en dansant longtemps sur les vagues que j’ai fini par comprendre ça. Je suis un simple représentant de l’espèce humaine. J’ai du mal à accepter de faire partie de cette espèce que l’appel du pouvoir pousse à toujours coloniser plus loin. Pourtant nous sommes des animaux fragiles et délicats. Nous sommes incapables de survivre très longtemps dans ce grand désert liquide. Fragiles au point de trucider tout le monde sur son passage. La peur au ventre, les hommes tuent, massacrent, éventrent, brûlent et détruisent tout ce qu’ils ne comprennent pas. Lorsque les humains font une crise de panique, ils sont redoutablement dangereux. L’homme est un grand paranoïaque.

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Ceci serait donc l’œil de la baleine qui interroge la responsabilité individuelle des voyageurs ?

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Ce regard me sonde. Ce regard, je l’ai vu chez une baleine, un dauphin, un cheval et un éléphant. Ce serait très long de raconter ces quatre expériences que j’ai véritablement vécues. C’est pourquoi j’ai représenté un seul œil qui pose une seule question. Dans le regard de ce dessin, il y a les quatre regards qui se superposent pour devenir un seul regard interrogateur. Ce regard continue de toujours me poser la même question. Il fouille mon âme et ma conscience. Immédiatement après cette première pensée, monte en moi un diaporama rapide de tous les regards d’humains qui ont croisé le mien. Ceux qui y ont laissé une empreinte. L’être humain serait-il donc capable de ce type de regard ? L’homme possèderait-il une âme ? Une conscience ? Mais alors, comment peut-il…

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Et cela serait le ciel et le soleil ?

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Dans ce dessin, je vois aussi l’immensité du firmament. Les nuages dans lesquels j’ai si souvent volé en planeur. Un rêve qui s’effiloche en vapeurs blanches. Les cumulus disparaissent le soir dans le bleu sec et le orange-chaud du couchant. Je continue chaque jour à y voler par la pensée, n’ayant plus les moyens de voler depuis que je navigue. J’y vois le soleil en tant qu’astre immense. Il se tient dans le ciel et souvent plonge dans la mer. Il est lointain et omniprésent. Même la nuit, il est réfléchi par la lune. La lune réfléchit au soleil. Le soleil qu’on attend toute la nuit et qui nous délivre enfin du délicieux cauchemar de la nuit. Il apparaît tout à coup après avoir effacé les étoiles une à une. Ce soleil qui finira par nous dévorer dans une ultime explosion.

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Ici vous nous parlez du plancton ?

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Cela pourrait  être suffisant pour me laisser rêver encore pendant des heures. Mais non, ce n’est pas tout. J’y voit aussi le plancton. Ces milliards d’êtres vivants qui nous subissent. Nous ne les voyons pas. Sont-ils tellement plus proches de nous que les astres du firmament ? Non, je crois que la distance qui nous sépare d’eux est encore plus grande. Cette distance, c’est notre indifférence chaque fois que l’on déverse un milliard de mètres cubes de détergents dans nos éviers, nos égouts, nos poubelles. Notre vomi craché à leurs mille visages. Notre mépris.

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